jeudi 13 février 2014

Société Civile et citoyenneté ?

ESQUISSE D'ECRITS SUR SOCIETE CIVILE ET CITOYENNETE

On assiste depuis plusieurs années à l'émergence de mouvements citoyens hors des partis et organisations traditionnelles. Ces initiatives nous montrent à l'évidence qu'un fil est rompu entre la représentation élective et les attentes des gens. Le sentiment confus que "rien ne va changer" quel que soit le vote se nourrit de l'impuissance affichée par les acteurs politiques face aux puissances de l'argent et du dédain et de la distance affichés par ceux qui accèdent aux fonctions.  S'y rajoutent bien sûr, les "affaires" et les arrangements entre amis...
La façon dont, par exemple, la classe politique nous abreuve de discours compliqués et peu perceptibles, comme s'il fallait faire des années d'études spécialisées, pour accéder aux connaissances minimales pour s'exprimer, est révélateur. Cette attitude renforce les discours faciles et simplificateurs du Front National considérant que tous appartiennent à la même famille qu'ils ont, fort habilement, intitulé "l'UMPS".

Il est à noter que le principal danger de cette désaffection réside dans le taux de plus en plus fort d'abstention qui va certainement atteindre des profondeurs abyssales lors des futurs scrutins. Le rôle des mouvements citoyens dont la caractéristique est de défendre l'intérêt général, dont Rousseau disait qu'il allait au-delà de l'addition des intérêts particuliers, est essentiel aujourd'hui. La dérive vers laquelle nous allons, le peu d'intérêt pour la culture politique, l'aliénation   par le système média, créent les chemins de la rupture et la tentation d'aller vers les discours faciles.

Nous sommes en capacité, dans les mouvements citoyens, comme AVEC,  d'accueillir tous ceux qui ont encore envie de s'exprimer, qui cherchent des lieux de partage, et qui veulent proposer des alternatives. Sans cela, reste l'individualisme ou pire, l'absence d'horizon qui pousse au désespoir. Il faut insister auprès des politiques sur le rôle salvateur qu'est le nôtre. Et instaurer un rapport de force, le seul qui les fasse "bouger". Mais ce ne doit pas être un rôle d'appoint pour servir une classe dirigeante dont on sent bien qu'elle sert d'abord ses propres intérêts.

Faisant le même constat que nous, les partis politiques ont récupéré, à l'occasion des municipales, le thème de la société civile, ce corps social diffus qui regroupe syndicats, ONG...
Affichant un esprit d'ouverture trompeur, les têtes de liste des partis traditionnels se gargarisent de la présence à leurs côtés de ces hommes et de ces femmes. Ils nous expliquent qu'ils sont la garantie d'une équipe élargie et en capacité de répondre aux préoccupations des uns et des autres sans esprit partisan. Nous savons tous que c'est un leurre. Les personnes pressenties, aux mieux se taisent, au pire, se comportent en courtisans.

La "municipalité" se résume à un pré carré composé du Maire, d'un ou de quelques adjoints, et d'un ou deux fonctionnaires.  Il est donc illusoire de penser qu'un "société civile" a une quelconque importance dans le jeu. La représentation en politique est révélatrice: dans les communes de plus de 2500 habitants, plus de 60% des maires sont des cadres ou des intellectuels et 0,8% des ouvriers alors que la représentation des premiers dans la population est de 15,6% et celle des seconds 23,6%  Cette sélectivité sociale est génératrice de dangers.

Pour contrecarrer ceux-ci, les citoyens doivent s'organiser en mouvements actifs, force de propositions et en capacité d'agir si les conditions s'y prêtent. Les derniers événements en Grèce, les nouvelles organisations en Islande, les mouvements coopératifs en Amérique Latine sont autant d'exemples que tout n'est pas perdu. La multiplication en France des mouvements citoyens dans lesquels il faut trier ceux qui sont pilotés par les partis politiques traditionnels, est également un sujet d'espérance. Essayer de créer des liens entre ces mouvements citoyens est un vrai défi. Mais, parfois, en politique, le courage devient contagieux.

RB président d’AVEC, le 25/01/2013

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