mardi 24 janvier 2017

Les choses se répètent, en politique comme ailleurs


Les choses se répètent, en politique comme ailleurs.

Les critiques violentes sur le déficit démocratique, l'arrogance des élites, la crise de régime, le fossé qui se creuse entre le quotidien des français et "l'establishment", etc... s'estompent dès que les élections approchent comme si, par un effet miracle, la nouvelle élection allait tout résoudre.

Il faut dire que les médias dominants, partie prenante pour que surtout rien ne change, s'y emploient tous les jours. On nous sert à profusion des débats, les parcours "intimes" des candidats, des témoignages, des petites histoires... S'y rajoutent des reportages au cœur des appareils, pour mieux "comprendre" les "différences" entre les uns et les autres...

La personnalisation en politique est devenue la règle, au-delà des projets qui n'en sont plus et des programmes dont on sait qu'ils ne tiendront pas à l'épreuve du temps.

Le sommet est atteint avec les "primaires" dont l'objectif principal est de redonner vie à des partis à bout de souffle. Les "casting" proposés, avec la caisse de résonance des médias et grâce à la multiplication des "débats" occupent l'espace pendant des semaines, des mois même, alors que le fond est affligeant.

On essaye de ranimer la flamme souvent éteinte de l'intérêt des gens à ce qui ressemble de plus en plus à une mise en scène. Les candidats battus d'avance sont là pour espérer plus tard quelque strapontin ministériel et les favoris oscillent entre retenue et attaque voilée, tant ils savent qu'ils auront besoin dans un second temps de l'appui de l'adversaire du jour.

Cette organisation pensée et voulue pour tenter de préserver un système sans avenir nous interpelle tous et pose plusieurs questions, dont une majeure.



Peut-on espérer encore quelque chose du mode de désignation actuel sans changer les règles du jeu ?

Les réponses varient évidemment selon la perception que l'on se fait de la crise de régime actuelle et des forces qui régissent le système.
Essayons de voir quelle est notre réalité. La logique du profit a transformé la planète en un vaste système marchand. L'humain et la nature devant se plier à cette logique infernale, les dégâts sont considérables. Toutes les initiatives alternatives sont combattues, récupérées ou tolérées à la marge.
La sobriété heureuse, sortir du consumérisme, conjuguer la décroissance au quotidien, au-delà des belles actions menées, supposent des changements de paradigme. Il faudra du temps et de la volonté.
L'histoire nous montre que les ruptures politiques sont le fait de la rue et des mouvements sociaux qui "portent" certains hommes politiques vers des regards différents.
Mais aussi, nous devons retenir que, souvent, les mouvements de rupture se sont réalisés dans la violence car les intérêts en jeu sont tels qu'il ne peut en être autrement.
Récemment en Grèce un parti a porté beaucoup d'espérance pour finir étranglé par les logiques financières. C'est une histoire qu'il ne faut pas oublier.
Aujourd'hui, certains candidats se réclament de la rupture et apparaissent, du coup, comme porteurs d'un changement possible. Beaucoup y croient. Comme si "l'homme providentiel" pouvait être une réponse.
Certains s'en servent d'ailleurs et les démarches "bonapartistes" sont le pendant des pseudo-concertations des "primaires"
L'objectif de cette mise en scène est bien de légitimer un système en perdition, en jugulant l'abstention afin d'évoquer une représentativité non contestable. Là est le piège.
La finance bridera toute initiative et seule une volonté populaire organisée à travers une Constituante permettra à la démocratie de s'exercer pleinement et d'avoir les armes pour combattre.
Récemment des observateurs expliquaient que la démocratie ne peut exister qu'à travers la désignation des élites. Ils niaient le fait que le peuple puisse exercer sa souveraineté.
Toute la question est dans  l'acceptation ou dans le rejet de cette assertion.
Le mode actuel de désignation, le régime présidentiel, la réforme Jospin qui situe l'élection législative comme une chambre d'enregistrement du scrutin présidentiel, l'absence de proportionnelle, ne permettent pas à la démocratie de s'exprimer.
Du coup, doit-on participer à ce type de scrutin dont les résultats finissent toujours pas décevoir ou doit-on montrer par une abstention massive le rejet d'une représentation absurde et sans marge de manœuvre?
L'école qui consiste à faire évoluer le système de l'intérieur a ses adeptes et ne manque pas d'arguments.
A chacun de se déterminer en conscience.    le 21 janvier 2017

René Burle, président d'AVEC

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