ESQUISSE D'ECRITS SUR SOCIETE CIVILE ET CITOYENNETE
On assiste depuis plusieurs années à
l'émergence de mouvements citoyens hors des partis et organisations
traditionnelles. Ces initiatives nous montrent à l'évidence qu'un fil est rompu entre la représentation
élective et les attentes des gens. Le sentiment confus que "rien ne va
changer" quel que soit le vote se nourrit de l'impuissance affichée
par les acteurs politiques face aux puissances de l'argent et du dédain et de
la distance affichés par ceux qui accèdent aux fonctions. S'y
rajoutent bien sûr, les "affaires" et les arrangements entre amis...
La façon dont, par exemple, la classe politique nous abreuve de discours
compliqués et peu perceptibles, comme s'il fallait faire des années d'études
spécialisées, pour accéder aux connaissances minimales pour s'exprimer, est
révélateur. Cette attitude renforce les discours faciles et
simplificateurs du Front National considérant que tous appartiennent à la même
famille qu'ils ont, fort habilement, intitulé "l'UMPS".
Il est à noter que le principal danger de cette désaffection réside dans le taux de plus en plus fort d'abstention
qui va certainement atteindre des profondeurs abyssales lors des futurs
scrutins. Le rôle des mouvements citoyens dont la caractéristique est de
défendre l'intérêt général, dont Rousseau disait qu'il allait au-delà de
l'addition des intérêts particuliers, est essentiel aujourd'hui. La dérive vers
laquelle nous allons, le peu d'intérêt pour la culture politique, l'aliénation par le
système média, créent les chemins de la rupture et la tentation d'aller vers
les discours faciles.
Nous sommes en capacité, dans les mouvements
citoyens, comme AVEC, d'accueillir tous ceux qui ont encore envie de
s'exprimer, qui cherchent des lieux de partage, et qui veulent proposer des
alternatives. Sans cela, reste l'individualisme ou pire, l'absence d'horizon
qui pousse au désespoir. Il faut insister auprès des politiques sur le rôle
salvateur qu'est le nôtre. Et instaurer un rapport de force, le seul qui les
fasse "bouger". Mais ce ne doit pas être un rôle d'appoint pour
servir une classe dirigeante dont on sent bien qu'elle sert d'abord ses propres
intérêts.
Faisant le même constat que nous, les partis
politiques ont récupéré, à l'occasion des municipales, le thème de la société civile, ce corps social diffus qui regroupe
syndicats, ONG...
Affichant un esprit d'ouverture trompeur, les têtes de liste des partis
traditionnels se gargarisent de la présence à leurs côtés de ces hommes et de
ces femmes. Ils nous expliquent qu'ils sont la garantie d'une équipe élargie et
en capacité de répondre aux préoccupations des uns et des autres sans esprit
partisan. Nous savons tous que c'est un leurre. Les personnes pressenties, aux
mieux se taisent, au pire, se comportent en courtisans.
La "municipalité" se résume à un pré carré composé du Maire, d'un ou
de quelques adjoints, et d'un ou deux fonctionnaires. Il est donc
illusoire de penser qu'un "société civile" a une quelconque
importance dans le jeu. La représentation en politique est révélatrice:
dans les communes de plus de 2500 habitants, plus de 60% des maires sont
des cadres ou des intellectuels et 0,8% des ouvriers alors que
la représentation des premiers dans la population est de 15,6% et
celle des seconds 23,6% Cette sélectivité sociale est génératrice
de dangers.
Pour contrecarrer ceux-ci, les citoyens doivent s'organiser en mouvements
actifs, force de propositions et en capacité d'agir si les conditions s'y
prêtent. Les derniers événements en Grèce, les nouvelles organisations en
Islande, les mouvements coopératifs en Amérique Latine sont autant d'exemples
que tout n'est pas perdu. La multiplication en France des mouvements citoyens
dans lesquels il faut trier ceux qui sont pilotés par les partis politiques
traditionnels, est également un sujet d'espérance. Essayer de créer des liens
entre ces mouvements citoyens est un vrai défi. Mais, parfois, en politique, le courage devient contagieux.
RB président d’AVEC, le
25/01/2013