vendredi 13 décembre 2013

Reconstruire notre territoire, une révolution citoyenne

A.V.E.C. 15  
Rapport  de l’atelier   «territorialité»

Cet atelier s’est réuni les 25 et 31 octobre, le 6 novembre 2013.

Il vous soumet,  dans le document ci-dessous,  le résultat de son travail collectif  :


Reconstruire notre territoire
     une révolution citoyenne.

Pour abattre le millefeuille territorial et ses féodalités, il faut engager une véritable révolution citoyenne.

Comme les révolutionnaires de 1789 qui proclamèrent la souveraineté populaire face au pouvoir de droit divin et instituèrent de nouvelles circonscriptions à la place des multiples divisions héritées de l'époque médiévale, il nous appartient de dénoncer la complexité des pouvoirs et des financements de notre actuelle organisation territoriale  pour supprimer toutes les strates de cet amas hétéroclite et promouvoir de nouvelles collectivités à la taille des exigences du XXI éme siècle.

Nous faisons, dans une première partie, « aujourd’hui »,  l’analyse de la situation actuelle.
Nous présentons nos propositions dans une deuxième partie, « demain »  .


Aujourd’hui :

Le mille feuille français,
c'est quoi ?

27 régions,
101 départements,
342 arrondissements,
4055 cantons, ( avant le récent découpage )
36681 communes, dont 32000 de moins de 2000 habitants, 2601 regroupements à fiscalité admise.(recensement 2009).

Ces regroupements sont des “établissements publics de coopération intercommunale”.
Ils concernaient, en 2009, 34164 communes comptant 56,4 millions d'habitants, ils ont le privilège de gérer leur propre fiscalité.

Ils comprennent:
16 communautés urbaines,
174 communautés d'agglomération,
2406 communautés communes,
5 syndicats d'agglomérations nouvelles,
et, bientôt, des pôles métropolitains...!
de plus, il existe, encore :
des communes réunies dans des contrats de pays,
dans des parcs régionaux,
des syndicats intercommunaux.

Lors des récents « états généraux de la démocratie territoriale », en octobre 2012, le Président de la République déclarait :

« à mes yeux, le problème n’est pas le nombre d’échelons, d’ailleurs quand je regarde chez nos voisins, c’est, à peu prés, le même nombre que je retrouve, sous des appellations différentes. Non, le problème examinons le franchement, tient à la répartition des compétences et à la gouvernance des territoires. Voila ce que nous devons changer ».

Faisons cette comparaison et examinons les compétences et leur gouvernance.


Aujourd’hui :

La comparaison avec l’Allemagne et l’Italie.

En Allemagne les divisions territoriales comportent :
16 länder,
313 crise (districts) ruraux,
116 crise ( districts) urbains,
12291 gemeinden (communes) soit trois fois moins qu’en France.

L’Italie se divise en :
20 régions,
110 provinces,
8094 communes, soit quatre fois moins qu’en France.

La vue du président Hollande manque de clarté !

L’inflation des structures territoriales françaises est évidente.

À cette inflation, s’ajoute un empilement administratif qu’il faudra traiter conjointement.


Aujourd’hui :

L’enchevêtrement des compétences.

Les lois de décentralisation de 1982 et 1983 établissaient des blocs de compétences pour chaque niveau de collectivité, la commune, le département et la région.

Elles donnaient, ainsi, de la cohérence aux actions de ces collectivités et de la lisibilité pour le citoyen qui pouvait apprécier les responsabilités de chacune d’elles.

La suppression des financements croisés allait dans ce même sens de simplification et de clarté.

Mais cette volonté s’est, rapidement, diluée pour aboutir à un écheveau complexe de compétences et de financements pour produire des effets désastreux : contentieux, inertie, coûts supplémentaires, malaises chez les administrés qui ne savent plus qui fait quoi. Le débat public disparaît.

Cet enchevêtrement qui s’est développé entre les trois collectivités de plein exercice s’avère préjudiciable à l’efficacité de l’action publique, mais un autre processus, plus préoccupant pour l’équilibre et la légitimité des pouvoirs locaux, vient le surcharger, encore.

C‘est celui des transferts de compétences qui ne cessent de croître entre les communes et leurs regroupements. Ils apparaissent illisibles et bafouent les principes démocratiques.

Ces entités, dénommées « établissements publics de coopération intercommunale » sont dotées d’un pouvoir fiscal alors que leurs responsables ne sont pas élus directement par le peuple souverain.

Ces établissements à  la légitimité douteuse supplantent, de plus en plus, les communes qui se vident, à leur profit, de leurs domaines de compétences.

Comment en est on arrivé là ?


Aujourd’hui :

La gouvernance pipée.

La complexité des affaires communales réclame,souvent, pour leur conduite une appréhension qui dépasse le cadre communal, trop étroit.

C’est, donc, contraints par cette nécessité que les élus municipaux délèguent à une structure supra communale la maîtrise des activités lourdes de la commune.

Les élus du suffrage universel abandonnent, ainsi, leurs pouvoirs au profit d’une autre gouvernance assurée par un président qui ne possède pas la légitimité de ce suffrage.

Le pouvoir de ce dernier revêt, dés lors, un caractère de type aristocratique.

Le cumul des mandats crée une féodalité des nantis du nobliau de village au prince métropolitain.

 Des structures administratives et techniques multiples autant que rivales se contrecarrent, coûteuses et obscures.

La commune devient, au fil du temps, une coquille vide.

les compétences communales sont exercées par un établissement public dont les exécutifs  n’ont pas reçu de mandat direct des citoyens.

La règle démocratique est détournée et les électeurs dupés.

Il est urgent d’en finir avec cette situation.

Demain :

Une démarche révolutionnaire.

Petits-enfants du siècle des Lumières, le but de notre démarche est de rendre aux citoyens de notre République leur dignité afin qu’ils reprennent leur pouvoir sur leur propre vie.

Pour ce faire, il nous apparaît nécessaire d’engager une révolution citoyenne pour reconstruire notre territoire.

Cette démarche est révolutionnaire dans la mesure ou elle se démarque du  cadre des lois légales actuelles.

Mais rassurez vous, nous sommes aussi pacifistes que pacifiques.

Si,nous faisons table rase de l’actuel millefeuille et des stratifications administratives qui lui sont liées, nous proposons la promotion, sur une base démographique, de trois niveaux de collectivités territoriales de plein exercice, dotés de conseils élus au suffrage universel, sur des listes paritaires, selon la règle proportionnelle avec prime majoritaire.  

Si nous voulons que les communes retrouvent leur rôle de premier maillon de l'espace républicain, il faut leur donner une taille suffisante afin qu'elles demeurent un lieu de vie.

Il nous parait raisonnable que la taille des communes soit, au minimum, de 10.000 habitants.

Notre département actuel compterait, ainsi, une quinzaine de communes ce qui correspondrait, grosso modo, au découpage des nouveaux cantons, avec quelques aménagements nécessaires.

Au niveau supérieur, on trouverait le « civitate » , en disant , de la même manière , que sa taille minimum serait de 100.000 habitants.

Leur territoire s’identifie généralement à un terroir, à un large secteur de vie, susceptible d’appréhender ses besoins.

Le « civitate » était une subdivision territoriale gauloise, puis gallo romaine; il regroupait plusieurs « pagi » et des  « civitates » réunis formaient une province.

Nous n’inventons rien.

Pour le Cantal actuel, cela signifierait que le « civitate » d'Aurillac couvrirait l'ouest du département, tandis que l'est du département, avec Saint-Flour serait rattaché à Issoire.

Au palier supérieur, on retrouve les régions,

Chaque région constituée de plusieurs « civitates » compterait, au moins, 1.000.000 d’habitants.

C’est l’échelon territorial permet l’examen des grands dossiers d’aménagement et d’équipement ainsi que les liaisons avec les régions voisines.

L’organisation des services de l’État s’adapte à cette réorganisation du territoire.

le chef-lieu de région reste préfecture, les chefs-lieux de « civitates » deviennent sous-préfectures.

Dans cette organisation, les cantons sont supprimés ainsi que les départements et les arrondissements.
Les communautés de communes passent, aussi, à la trappe ainsi que les SIVOM et autres SIVU.

Cette reconstruction de notre territoire permettra de mettre en place un paysage organisé de façon simple, lisible par tous, une administration locale efficace car ses bases d’actions et ses moyens lui assureront la fluidité des procédures et la rapidité de l’exécution.

Elle sera une source importante d’économies et un moteur à la bonne gestion des finances locales.

Elle devrait inciter les citoyens, associés à la chose publique, à retrouver le goût de la participation et de l’engagement ainsi que de la considération pour leurs élus.


Demain.

Un pacte novateur entre les territoires de la République.

Notre ambition est d’ organiser une architecture cohérente des compétences et des gouvernances au service des citoyens.

Fidèle à lesprit des lois de décentralisation de 1982, larticulation des compétences se réalise autour de trois collectivités de plein exercice, la commune ( au moins 10.000 habitants), le “civitate”  ( au moins 100.000 habitants) et la région ( au moins 1.000.000 habitants).

Chacune de ces structures possède un domaine particulier d’intervention  compatible avec son territoire,.
Cette répartition  obéit à  une philosophie de laction, à une volonté d'efficacité.

Le cadre général demeure celui de la République dans lequel lÉtat exerce ses droits régaliens et assure la cohésion nationale.

Il veille à légalité entre les territoires et à leur sécurité.

Il se comporte en animateur, en promoteur des politiques publiques, déléguant aux régions la conduite des opérations d'administration, daménagement et de développement.

La région est une collectivité de prospection et de programmation, responsable de la gestion et du devenir dun vaste territoire dont les limites peuvent être repensées.

Elle administre, dune part, ses équipements structurants.

Lenseignement supérieur, lemploi et la formation professionnelle, la recherche.

Les grandes voies de communication, autoroutes, réseau ferré, liaisons fluviales.

Les transports régionaux de voyageurs....

Elle a pour mission, dautre part, dengager des démarches  prospectives et danticiper lévolution des gestions territoriales en liaison avec les régions voisines.

Le “civitate” représente le niveau charnière, celui de la décision et de laction.

Ses compétences couvrent les nombreux domaines pour lesquels sa taille, + de 100.000 habitants, permet lapplication des principes de simplicité, de rapidité, déconomie et de lisibilité.

ces domaines de compétence concernent :

Les lycées et collèges.
Lapprentissage.
Le secteur social.
Les transports interurbains de voyageurs.
Laménagement rural.
Les réseaux structurels, eau, assainissement, énergies, câble, techniques nouvelles.
Les services de lenvironnement et du développement durable.
Les services dincendie et de secours,
les services de santé.
Le tourisme.
Lensemble du réseau routier de la communauté.....

La commune est le lieu de la démocratie vivante, active, partagée.

Le citoyen devient lanimateur de la vie collective municipale et participe à ses différentes activités déducation populaire et de coopération aux programmes dintérêt général.

La commune assure le développement des liens sociaux.

 Elle assume les compétences de proximité, au service de ses habitants,
La gestion de son patrimoine.
Léducation publique primaire.
La culture.
Le sport.
Lurbanisme et lorganisation du territoire.
Le logement,
Les transports locaux.
La coordination des activités coopératives et associatives.
La démocratie partagée.
Létat civil.
Lorganisation des élections....

L’éventail reste ouvert….

La capacité du citoyen à s’investir dans la cité et l’exigence du respect  de la souveraineté populaire constituent le centre de gravité de notre démarche révolutionnaire.


À Aurillac, le 7 novembre 2013.

                   Les rapporteurs :

Jacques Vermenouze     Michel Rocagel

lundi 9 décembre 2013

De la gouvernance,

Etre élu reste un élément de distinction dans la société française.
La charge d'histoire s'y rattachant positionne ceux qui ont des mandats comme des personnages un peu à part, même si le fossé se creuse de plus en plus entre les gens et le monde politique.
Bien sûr, de grandes différences de perception existent entre les conseillers municipaux de petites communes et les parlementaires ou les maires de grandes villes.
Reste une constante: le sentiment diffus ou aiguisé que les élus cultivent le secret, fonctionnent entre eux, ne sont pas assez à l'écoute et, trop souvent, peu disponibles.
S'y rajoute une actualité brûlante depuis plusieurs années: le fait, pour les mandats importants, de ressentir les élus comme étant à la merci des forces financières.
Autre élément perturbant nos repères: la quantité grandissante de gens qui ne croient plus en la représentation démocratique. Les exemples abondent pour dire qu'ils n'ont pas tout à fait tort.
Il s'agit donc pour nous de redonner corps et consistance à cette mission d'élu.
Car, comme le dit Castoriadis, "ce n'est pas tant le fait de déléguer le pouvoir à des mandatés qui pose problème que celui du mépris dans lequel est tenu le peuple, jugé incapable de se gouverner lui-même par une caste de politiciens professionnels qui se font élire grâce à la manipulation de l'électorat"
Nous parlons bien de mission, c'est-à-dire de la perception de l'importance de la chose et de l'implication loyale que l'on doit y apporter.
Il faut donc rétablir la confiance, éviter la manipulation, ne plus être dans le mépris.
La démocratie n'a de sens que si elle est interactive, comme à ses fondements, et n'en a aucun si elle n'est qu'une délégation.
L'engagement que nous pouvons prendre, si certains d'entre nous accèdent à des fonctions tient en plusieurs points.
Proximité avec les gens.
Disponibilité autant que cela est possible, la mairie devant redevenir "la maison commune"
Transparence sur les dossiers et les attitudes.
Communication fréquente.
Compte-rendu de mandats interactifs.
Aller à la "source" en permanence, c'est-à-dire rechercher sans cesse le débat et l'explication, plutôt que d'imposer les choses par le haut.
Avoir la force de convaincre, mais à partir d'arguments, pas en se positionnant comme une autorité.
Expliquer, avec loyauté, les changements de cap ou de stratégie en cours de mandat s'ils surviennent.
Utiliser la presse avec intelligence, comme un vecteur pédagogique et non pour des flatteries personnelles.
Chercher à élever le niveau de compréhension de la population par des annonces claires et en arrêter avec les discours technocratiques peu perceptibles.
S'engager à remettre l'élu à sa place de responsable, et donc repositionner les services et les collaborateurs municipaux à la leur. La seule légitimité étant celle du suffrage.
Ne jamais oublier qu'être élu n'est qu'une délégation liée au vote. Responsable oui, mais dans la transparence et le respect des électeurs et de la population.
Revivifier la démocratie passera par ces attitudes-là. Nous y sommes prêts.
René BURLE, président d’AVEC
Aurillac Ville Eco-Citoyenne avec15@laposte.net

GOUVERNANCE locale (juillet 2013)