lundi 7 juillet 2014

Réforme territoriale suite et non fin . (Lettre à ma cousine, article La Montagne 30 juin et La Voix du Cantal 2 juillet 2014)

Lettre à ma Cousine à Aurillac le 12 juillet 2014

Chère Alexandrine,
Je t'écrivais, il y a un an, le 29 juillet 2013, pour te rappeler l’œuvre magistrale accomplie, durant l'été 1789, par une poignée de visionnaires qui donnèrent un nouveau visage à la France.
Aujourd'hui, tout le Landerneau s'agite sur un projet de réforme territoriale, présenté à la hussarde, pour regrouper nos régions au gré des intérêts des caciques du parti batave.
Comme moi, chère Cousine, tu observes, avec amusement, le foisonnement des positions prises par les uns et les autres, face à ce remodelage régional imposé.
Les bons soldats solfériniens approuvent, bien que certains ne le fassent que du bout des lèvres mais contraints.
Les sénateurs renâclent et organisent le front du refus. Ils craignent pour leurs prébendes et s'incrustent dans leur inutilité.
Les politiques s'accrochent à leurs avantages, freinent le mouvement.
Les arguments utilisés à l'appui des opinions exprimées ne manquent ni de fantaisie ni de mauvaise foi.
Les plus comiques sont ceux qui se prétendent autorisés, utilisant de fumeux calculs pour prouver que la réforme sera source d'économies ou, au contraire, de dépenses supplémentaires.
C'est dérisoire ! L'essentiel se trouve ailleurs…..
Les citoyens non consultés sont mis devant le fait accompli, bafoués, une fois de plus.
Tu as observé, chère Sandrine, la précipitation avec laquelle notre marquis auvergnat a fait allégeance au grand duc rhône-alpin, lequel a ,aussitôt, annoncé à ses prochains sujets arvernes, sa bienveillante tutelle.
Je dénonce ces postures néo-féodales.
Mais pendant ce temps, des voix citoyennes s’élèvent pour contester le projet gouvernemental et exiger une réorganisation ambitieuse de notre espace pour le mieux vivre de chacun.
Si elles parviennent à former un élan populaire suffisamment actif, le pouvoir reculera contraint de reprendre sa tache par le bon bout.
En effet, si la construction d'une maison ne commence pas par sa couverture mais par le façonnage des murs, l'organisation de notre espace de vie ne saurait commencer par l'échelon régional, il faut, au préalable, structurer les collectivités de base proches des citoyens.
Certes, il sera plus difficile de réduire le nombre des communes que celui des régions, mais il convient de prendre en compte l'évolution des pratiques publiques, l'accaparement des compétences communales par des organismes sans légitimité démocratique, la complexité des financements pour donner un grand coup de balai dans cet enchevêtrement et instituer des collectivités de terrain,convenablement peuplées, dotées des moyens nécessaires au service de leurs habitants.
Cette révolution territoriale sera pragmatique et non systématique, elle admettra les différences et organisera les équilibres financiers entre les collectivités de manière à ce que l'égalité soit assurée par une solidarité active.
Les bassins de vie imposeront leur réalité et les terroirs leurs présences , c'est ainsi que notre pays d'Aurillac ne sera pas soumis à la métropole lyonnaise mais se trouvera dans une région plus familière.
Dis moi, chère Cousine, si, pour lui, tu préfères, comme l'ami Jacques, la reconnaissance d'un vaste Massif Central hercynien ou bien l'attirance vers une Occitanie traditionnelle ?
Pour ma part, je souhaite que le souvenir des Thouret, Barnave, Barère inspire les réformateurs et leur donne une ambition révolutionnaire.
Je te dis mon attachement. Ton cousin Emile

Le député Alain Calmette a organisé un débat public sur le projet de réforme

(La Montagne, ed. Cantal le 30 juin 2014)

Le débat proposé par le député sur la réforme territoriale a surtout eu une vocation pédagogique. Par manque d’information sur la manière dont se fera cette fusion (notamment dans son volet dotations et conséquences financières), de nombreuses questions sont toujours sans réponse.
Non, oui mais et oui. Les trois opinions cantaliennes ont (co) existé vendredi soir, à l'occasion du
débat sur la réforme territoriale organisé par le député socialiste Alain Calmette devant 130
personnes à l'espace des Carmes à Aurillac.
Le non était incarné par Vincent Desc'ur, président du conseil général. Le oui mais, par Pierre
Jarlier, sénateur-maire de Saint-Flour. Le oui par la puissance invitante, en l'occurrence Alain
Calmette et Jean-Michel Guerre, vice-président du Conseil régional d'Auvergne en charge de
l'attractivité des territoires.
« Sortir des conservatismes
et des chapelles pour ne pas mourir »
Les arguments des uns et des autres n'ont pas varié d'un iota depuis l'arrivée dans le jeu politique
du projet de réforme territoriale. Pour résumer : le mariage avec Rhône-Alpes nourrit les plus
vives craintes de Vincent Desc'ur (éloignement des centres de décision avec la suppression des
conseils généraux, conséquence sur l'emploi et la commande publique, perte de considération…)
quand les partisans de la réforme voient dans cette union une chance qu'il convient de saisir, tout
en étant vigilant sur quelques points. Vendredi soir, il était les plus nombreux.
Ce sont ces derniers qui ont nourri le débat, souvent sur la base d'un postulat : comment monter
dans le train d'un monde qui, inéluctablement, change et évolue.
Colonne avantages et colonne inconvénients
Pour Michel Teyssedou (maire de Parlan), cette réforme doit avant tout être une réforme de
l'aménagement du territoire. Quant à la méthode, il propose le pragmatisme. « Faisons une
colonne avantages et une colonne inconvénients. Voyons comment les inconvénients peuvent
devenir des avantages… »
Pour l'ancien député Yves Coussain, « la réforme oui, à condition de faire une vraie péréquation
et de sauvegarder les villes-préfectures ».
Christian Montin, maire de Marcolès, président d'intercommunalité et secrétaire de l'association
des maires du Cantal, reprenant tout ou partie des arguments déployés au fil du débat, a même
envisagé une réforme des communes. Aujourd'hui, comment être maire d'une cité de 100
habitants avec un budget de 40.000 € pour la faire fonctionner, a-t-il interrogé.
Une évolution réfutée par le conseiller général Bernard Delcros, très attaché à l'entité communale,
pour sa proximité avec les citoyens et le lien social qu'elle génère. Mais il est pour la réforme. Et
de regarder dans le rétroviseur pour balayer les craintes d'être mangé par le grand Lyon. «
Quand on a fait les intercommunalités, les petites villes craignaient d'être phagocytées par le
bourg-centre. Ce n'est pas arrivé. »
Le mot de la fin est revenu à une « simple citoyenne », qui, au fil de ses balades dans le
département, voit ce dernier « décliner ». « Si on ne sait pas sortir des conservatismes et des
chapelles, on va mourir. »


Réforme territoriale, J. Mézard met les choses au point
le sénateur président du Groupe RDSE au Sénat a tenu une conférence de presse
(2 juillet 2014. Extrait la Voix du Cantal. P. Delobelle)

Opposé au projet de loi de réforme territoriale qui vise à fusionner la Région Auvergne à la Région Rhône-Alpes tel qu’il est actuellement présenté, le sénateur Jacques Mézard, président du Groupe du rassemblement démocratique et social européen (RDSE) au Sénat a tenu une conférence de presse. Alors qu’il avait déjà fait part de son désaccord au projet de loi lors du dernier conseil municipal d’Aurillac et lors de la session extraordinaire organisée par le Conseil général du Cantal, l’élu a souhaité s’exprimer, en tant que président du groupe RDSE au Sénat.
« Je ne suis pas, par principe, opposé à la fusion des régions à condition que ce ne soit pas juste pour nous caser après des coups de téléphones à quelques élus », a indiqué Jacques Mézard qui a défendu la position de son groupe. « Le monde change, et de plus en vite. Il est indispensable que nos organisations soient modifiées au rythme des mutations sociologiques et sociétales mais l’argument seul, « il faut changer », c’est un peu court ».
Suite à plusieurs prises de parole, le sénateur refuse d’entendre que sa position et plus largement celle de son groupe, n’est pas moderne. « Sur le plan politique je pense que je n’ai pas de leçons à recevoir. Je ne veux pas que dans 18 mois, 2 ou 3 ans, il y ait un problème et que l’on vienne me dire qu’il fallait réagir. Cette mesure justifie une mesure d’impact et des débats parlementaires. Il ne s’agit pas d’un problème gauche/droite, ni d’un problème entre progressistes et conservateurs »,insiste Jacques Mézard qui poursuit : « je rappelle que je travaille beaucoup au Sénat [...]. Concernant la close de compétences générale le gouvernement a fait voter son rétablissement à tous les niveaux et aujourd’hui, on nous demande de voter sa suppression, il faudrait m’expliquer qui était moderne et qui était rétro, la querelle conservateur archaïque, ils peuvent se la garder [...]. L’arrondissement d’Aurillac est un des plus enclavé de France, c’est ça le progrès, de nous envoyer à Lyon ? »


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