RAPPORT
MORAL AVEC
21 oct.
2015/ AG du 5 nov. 2015
L'année
écoulée mérite qu'on prenne un peu le temps du recul.
En
effet, nous avons fait preuve d'une certaine densité associative.
Les ateliers, plénières et cafés citoyens ont été relativement
nombreux. Nous nous sommes retrouvés avec d'autres pour des projets
communs. Ce qui est une avancée.
Nous
avons participé à des manifestations publiques.
Nos
textes et nos analyses sont souvent considérés comme pertinents.
Installés,
de façon modeste certes, dans le paysage aurillacois, notre
association est maintenant connue.
Notre
volonté de ne pas rester isolés, de croiser les autres forces nous
a emmené récemment à rejoindre la semaine de la solidarité
internationale.
Reste
cependant que nous vivons une période compliquée qui se caractérise
par une absence de perspectives, une faiblesse chronique du
militantisme et une incapacité à retrouver de l'enthousiasme pour
des réponses politiques.
Le
mal est profond et nous impacte tous, aussi bien dans nos parcours
individuels que dans nos aventures collectives.
Analysons
d'abord les enjeux.
Ce
territoire fourmille d'acteurs et d'initiatives intéressantes.
Beaucoup, ayant perdu espoir en une réponse politique et collective,
considèrent que la meilleure démarche est avant tout de se
démarquer du consumérisme et essayent de vivre autrement, mieux,
dans un autre rapport aux choses et aux objets.
Cette
attitude porte en germe beaucoup d'espoir à condition d'y associer
un coefficient politique de transformation des forces en présence.
Le
système que nous dénonçons se caractérise par deux principaux
ressorts: le premier, assez insupportable, est sa capacité à tout
récupérer, y compris les plus belles idées et les plus beaux
projets. Le second est d'avoir progressivement étouffé toutes les
alternances et de nous réduire à se défendre et rechercher des
réponses adaptées ponctuellement.
La
lucidité nous conduit à réfléchir au terrible constat
d'aujourd'hui: que pèsent nos actions diverses au regard des
déferlantes ultra-libérales qui font profit de tout, déséquilibrent
l'éco-système et asservissent les hommes?
Dans
ce tableau assez noir, soyons attentifs aussi à ce que nous disent
les autres, les plus jeunes en particulier, souvent absents de nos
rencontres.
La
plupart considèrent que nos modes d'actions n'ont aucune efficacité,
ne correspondent plus. Cela questionne.
La
mobilisation, pour cette jeunesse, s'articule autour de projets
concrets, comme le café associatif en germe à Aurillac.
A
l'inverse, nos analyses, nos réflexions sur un monde de plus en plus
sombre, leur parait sans grand intérêt, d'autant que la toile
permet aussi de retrouver les mêmes analyses.
Le
schéma électoral n'offre plus beaucoup de perspectives non plus.
La
crise grecque en est l'exemple le plus caricatural.
Après
l'espoir soulevé par les votes successifs du peuple grec, portant au
pouvoir par trois fois un parti rafraichissant, en opposition au
système ultra-libéral, c'est la douche froide et l'imposition par
les forces de l'argent d'un plan accablant les couches populaires.
Un
seuil est franchi depuis les déclarations des responsables européens
qui n'ont pas mâché leurs mots: aucun verdict populaire n'entravera
les décisions prises à Bruxelles.
Nous
en avions eu les prémices suite au vote français de 2005 dont
l'Europe n'a pas tenu compte.
C'est
la première fois depuis longtemps que, de façon aussi nette, on
nous met le contrat ainsi sous les yeux: la règle est ainsi, on ne
la changera pas.
Ce
qui nous interpelle dans ce que nous faisons chacun d'entre nous.
A
quoi bon du coup s'évertuer à espérer changer les choses dans un
contexte électoral qui, de toutes façons, ne sera pris en compte
que si les votes correspondent à la logique du système?
Cette
Europe-là est un piège et on ne la changera pas de l'intérieur.
Restent
que, en Amérique latine en particulier, de Cuba à l'Uruguay, du
Chiapas à la Bolivie, de belles choses se font: des expériences,
des pratiques gouvernementales redonnent espoir en quelque chose de
possible.
Mais
on est loin d'Aurillac!
Petite
association parmi d'autres, que pouvons-nous espérer?
D'abord,
faire ce que nous savons faire: instaurer le débat, accepter nos
différences, provoquer sans cesse l'analyse critique qui nous
conduit à penser que nous n'avons qu'une seule perspective:
l'affrontement du système et non son amélioration.
Là
est la ligne de démarcation.
Inviter
ici des gens qui méritent l'écoute:
Bellon
pour une Constituante, Balbastre, l'auteur des "Nouveaux chiens
de garde" qui sont déjà programmés.
En
2016, l'on pense à des sujets comme la violence des riches, les
paysans, la Palestine, etc...
Démarquons-nous
en effet des débats qui ne remettent rien en question et qui
confortent le système.
Emmagasinons
en nous des éclairages pour mieux comprendre ce qui est en jeu et
être prêts à des réponses adaptées.
Nos
cafés citoyens, quelles que soient leurs limites, sont un
lieu d'échanges où nous nous réapproprions les choses, et c'est
important!
Des
chantiers citoyens plus larges où nous cultiverons la pédagogie du
débat sont aussi à imaginer.
Notre
peu de force ne doit pas nous inciter à nous flageller. Cela
s'inscrit dans un malaise général et une crise du militantisme qui
nous concerne, mais nous dépasse .Nous subissons cela comme
d'autres, qu'ils soient appareils politiques, syndicats, etc...
Comme
nous n'offrons ni postes de pouvoir, ni mandats rémunérés, ni
pistes pour un travail, nous ne sommes pas les plus attractifs!
Les
méandres raffinés de la crise politique nous incitent à connaître
et à comprendre.
Peut-être
que notre fonction citoyenne est d'abord là.
Le
processus par lequel les lignes bougeront est difficile à anticiper.
Y
préparer les citoyens que nous sommes et ceux qui nous rejoindront
est en soi un acte politique dont nous pouvons faire notre moteur.
Le président, René
BURLE
5nov.
2015
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