Lettre
à ma Cousine à Aurillac le 12
juillet 2014
Chère
Alexandrine,
Je
t'écrivais, il y a un an, le 29 juillet 2013, pour te rappeler
l’œuvre magistrale accomplie, durant l'été 1789, par une poignée
de visionnaires qui donnèrent un nouveau visage à la France.
Aujourd'hui,
tout le Landerneau s'agite sur un projet de réforme territoriale,
présenté à la hussarde, pour regrouper nos régions au gré des
intérêts des caciques du parti batave.
Comme
moi, chère Cousine, tu observes, avec amusement, le foisonnement
des positions prises par les uns et les autres, face à ce remodelage
régional imposé.
Les
bons soldats solfériniens approuvent, bien que certains ne le
fassent que du bout des lèvres mais contraints.
Les
sénateurs renâclent et organisent le front du refus. Ils craignent
pour leurs prébendes et s'incrustent dans leur inutilité.
Les
politiques s'accrochent à leurs avantages, freinent le mouvement.
Les
arguments utilisés à l'appui des opinions exprimées ne manquent ni
de fantaisie ni de mauvaise foi.
Les
plus comiques sont ceux qui se prétendent autorisés, utilisant de
fumeux calculs pour prouver que la réforme sera source d'économies
ou, au contraire, de dépenses supplémentaires.
C'est
dérisoire ! L'essentiel se trouve ailleurs…..
Les
citoyens non consultés sont mis devant le fait accompli, bafoués,
une fois de plus.
Tu
as observé, chère Sandrine, la précipitation avec laquelle notre
marquis auvergnat a fait allégeance au grand duc rhône-alpin,
lequel a ,aussitôt, annoncé à ses prochains sujets arvernes, sa
bienveillante tutelle.
Je
dénonce ces postures néo-féodales.
Mais
pendant ce temps, des voix citoyennes s’élèvent pour contester le
projet gouvernemental et exiger une réorganisation ambitieuse de
notre espace pour le mieux vivre de chacun.
Si
elles parviennent à former un élan populaire suffisamment actif, le
pouvoir reculera contraint de reprendre sa tache par le bon bout.
En
effet, si la construction d'une maison ne commence pas par sa
couverture mais par le façonnage des murs, l'organisation de notre
espace de vie ne saurait commencer par l'échelon régional, il
faut, au préalable, structurer les collectivités de base proches
des citoyens.
Certes,
il sera plus difficile de réduire le nombre des communes que celui
des régions, mais il convient de prendre en compte l'évolution des
pratiques publiques, l'accaparement des compétences communales par
des organismes sans légitimité démocratique, la complexité des
financements pour donner un grand coup de balai dans cet
enchevêtrement et instituer des collectivités de
terrain,convenablement peuplées, dotées des moyens nécessaires au
service de leurs habitants.
Cette
révolution territoriale sera pragmatique et non systématique, elle
admettra les différences et organisera les équilibres financiers
entre les collectivités de manière à ce que l'égalité soit
assurée par une solidarité active.
Les
bassins de vie imposeront leur réalité et les terroirs leurs
présences , c'est ainsi que notre pays d'Aurillac ne sera pas soumis
à la métropole lyonnaise mais se trouvera dans une région plus
familière.
Dis
moi, chère Cousine, si, pour lui, tu préfères, comme l'ami
Jacques, la reconnaissance d'un vaste Massif Central hercynien ou
bien l'attirance vers une Occitanie traditionnelle ?
Pour
ma part, je souhaite que le souvenir des Thouret, Barnave, Barère
inspire les réformateurs et leur donne une ambition
révolutionnaire.
Je
te dis mon attachement. Ton cousin Emile
Le député Alain Calmette a organisé un débat public sur le projet de réforme
(La Montagne, ed. Cantal le 30 juin 2014)Le débat proposé par le député sur la réforme territoriale a surtout eu une vocation pédagogique. Par manque d’information sur la manière dont se fera cette fusion (notamment dans son volet dotations et conséquences financières), de nombreuses questions sont toujours sans réponse.
Non, oui mais et oui. Les trois opinions cantaliennes ont (co) existé vendredi soir, à l'occasion du
débat sur la réforme territoriale organisé par le député socialiste Alain Calmette devant 130
personnes à l'espace des Carmes à Aurillac.
Le non était incarné par Vincent Desc'ur, président du conseil général. Le oui mais, par Pierre
Jarlier, sénateur-maire de Saint-Flour. Le oui par la puissance invitante, en l'occurrence Alain
Calmette et Jean-Michel Guerre, vice-président du Conseil régional d'Auvergne en charge de
l'attractivité des territoires.
« Sortir des conservatismes
et des chapelles pour ne pas mourir »
Les arguments des uns et des autres n'ont pas varié d'un iota depuis l'arrivée dans le jeu politique
du projet de réforme territoriale. Pour résumer : le mariage avec Rhône-Alpes nourrit les plus
vives craintes de Vincent Desc'ur (éloignement des centres de décision avec la suppression des
conseils généraux, conséquence sur l'emploi et la commande publique, perte de considération…)
quand les partisans de la réforme voient dans cette union une chance qu'il convient de saisir, tout
en étant vigilant sur quelques points. Vendredi soir, il était les plus nombreux.
Ce sont ces derniers qui ont nourri le débat, souvent sur la base d'un postulat : comment monter
dans le train d'un monde qui, inéluctablement, change et évolue.
Colonne avantages et colonne inconvénients
Pour Michel Teyssedou (maire de Parlan), cette réforme doit avant tout être une réforme de
l'aménagement du territoire. Quant à la méthode, il propose le pragmatisme. « Faisons une
colonne avantages et une colonne inconvénients. Voyons comment les inconvénients peuvent
devenir des avantages… »
Pour l'ancien député Yves Coussain, « la réforme oui, à condition de faire une vraie péréquation
et de sauvegarder les villes-préfectures ».
Christian Montin, maire de Marcolès, président d'intercommunalité et secrétaire de l'association
des maires du Cantal, reprenant tout ou partie des arguments déployés au fil du débat, a même
envisagé une réforme des communes. Aujourd'hui, comment être maire d'une cité de 100
habitants avec un budget de 40.000 € pour la faire fonctionner, a-t-il interrogé.
Une évolution réfutée par le conseiller général Bernard Delcros, très attaché à l'entité communale,
pour sa proximité avec les citoyens et le lien social qu'elle génère. Mais il est pour la réforme. Et
de regarder dans le rétroviseur pour balayer les craintes d'être mangé par le grand Lyon. «
Quand on a fait les intercommunalités, les petites villes craignaient d'être phagocytées par le
bourg-centre. Ce n'est pas arrivé. »
Le mot de la fin est revenu à une « simple citoyenne », qui, au fil de ses balades dans le
département, voit ce dernier « décliner ». « Si on ne sait pas sortir des conservatismes et des
chapelles, on va mourir. »
Réforme
territoriale, J. Mézard met les choses au point
le sénateur président du Groupe RDSE
au Sénat a tenu une conférence de presse
(2
juillet 2014. Extrait la Voix du Cantal. P. Delobelle)
Opposé
au projet de loi de réforme territoriale qui vise à fusionner la
Région Auvergne à la Région Rhône-Alpes tel qu’il est
actuellement présenté, le sénateur Jacques Mézard, président du
Groupe du rassemblement démocratique et social européen (RDSE) au
Sénat a tenu une conférence de presse. Alors qu’il avait déjà
fait part de son désaccord au projet de loi lors du dernier conseil
municipal d’Aurillac et lors de la session extraordinaire organisée
par le Conseil général du Cantal, l’élu a souhaité s’exprimer,
en tant que président du groupe RDSE au Sénat.
« Je
ne suis pas, par principe, opposé à la fusion des régions à
condition que ce ne soit pas juste pour nous caser après des coups
de téléphones à quelques élus », a
indiqué Jacques Mézard qui a défendu la position de son
groupe. « Le
monde change, et de plus en vite. Il est indispensable que nos
organisations soient modifiées au rythme des mutations sociologiques
et sociétales mais l’argument seul, « il faut changer »,
c’est un peu court ».
Suite
à plusieurs prises de parole, le sénateur refuse d’entendre que
sa position et plus largement celle de son groupe, n’est pas
moderne. «
Sur le plan politique je pense que je n’ai pas de leçons à
recevoir. Je ne veux pas que dans 18 mois, 2 ou 3 ans, il y ait un
problème et que l’on vienne me dire qu’il fallait réagir. Cette
mesure justifie une mesure d’impact et des débats parlementaires.
Il ne s’agit pas d’un problème gauche/droite, ni d’un problème
entre progressistes et conservateurs »,insiste
Jacques Mézard qui poursuit : « je
rappelle que je travaille beaucoup au Sénat [...]. Concernant la
close de compétences générale le gouvernement a fait voter son
rétablissement à tous les niveaux et aujourd’hui, on nous demande
de voter sa suppression, il faudrait m’expliquer qui était moderne
et qui était rétro, la querelle conservateur archaïque, ils
peuvent se la garder [...]. L’arrondissement d’Aurillac est
un des plus enclavé de France, c’est ça le progrès, de nous
envoyer à Lyon ? »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire