Les dernières élections ont donné le spectacle affligeant d'une classe médiatico-politique sourde et muette. Sourde aux attentes des gens, muette en termes de réponses.
Ces élections, plus que d'autres encore, représentaient un simulacre. Les contours et compétences des nouveaux départements ne sont pas encore définis. Pire, ils sont voués à leur disparition. Les différents arguments des candidats sonnaient souvent creux.
Par le fait des binômes, le nombre de conseillers augmentait alors qu'on nous parlait de leur réduction. Le département historique, représentation des cantons, a volé en éclats. Leur délimitation, ne serait-ce que sur Aurillac, laisse songeur.
La future prégnance des métropoles sur les territoires est déjà en toile de fond. Cette élection territoriale a été traitée, une fois de plus, comme un test national. Dans ce contexte, plus d'un français sur deux ne s'est pas déplacé au 2è tour. S'y rajoutent les bulletins blancs et nuls dont les médias ne parlent jamais alors qu'ils sont l'expression ultime du civisme. La rupture est consommée entre des français perdant confiance en tout changement véritable et une représentation politique sans issue autre que leur propre renouvellement.
Si on analyse les raisons de ce désamour rapidement, on peut y voir quelques causes évidentes.
La droite, tenante du système ultra-libéral n'a aucune réponse au désarroi des français les plus démunis, considérant quelque part qu'ils sont responsables de ce qui leur arrive. Cette droite agite de plus en plus les idées du FN, mais situe ce parti comme infréquentable, même si localement des alliances se nouent.
La gauche du PS ayant depuis longtemps abandonné toute volonté de combattre, avec d'autres valeurs, la société du profit à tout va, accompagne le système et avance à tâtons, sans projets, sans enthousiasme.
Les deux grands partis qui structurent gauche et droite se ressemblent étrangement et s'éloignent de plus en plus des citoyens désabusés.
Le FN, au discours plus lissé, séduit de plus en plus les mécontents, les déçus, les découragés. Comme un dernier espoir à tenter pour certains... Le mode de scrutin pour ces départementales renvoie les frontistes dans les cordes avec quelques élus alors que leur représentation est plus que significative. Cela renforcera encore ce parti, de plus en plus considéré comme victime d'une loi électorale injuste.
A gauche du PS, où pourrait se situer l'espoir, force est de constater que les français semblent peu attirés. Il faut qu'on essaye d'en déterminer les raisons. C'est la réalité dont s'empare le PS pour réclamer l'union autour de son leadership, encore et encore, comme toujours...
Les soirées d'élections se suivent et se ressemblent. Une brochette d'hommes et de femmes politiques répartis sur les différents plateaux, des journalistes complices, un traitement méprisant de l'abstention (quand on en parle), et les petites histoires à offrir en pâture sur le microcosme.Comme si le système pouvait se prolonger ainsi dans sa bulle, alors que la souffrance grandit et que l'enthousiasme s'est tu.
Les vainqueurs le sont par défaut, mais en font des tonnes, les battus attendent de meilleurs jours mais annoncent qu'ils ne le sont pas vraiment et l'alternance pointe le nez, d'après les "spécialistes" Mais quelle alternance? Depuis des décennies, on passe d'une droite qui a perdu depuis longtemps toute idée novatrice, s'affichant comme un caniche des USA, à une gauche sans ressorts et surtout sans courage.
La réalité ressentie par les gens est bien que les partis politiques dominants aujourd'hui n'impactent plus leur quotidien et sont incapables de changer quoi que ce soit.
Apparaît alors dans sa vérité cruelle le fait que les candidats sont avant tout, pour la plupart, centrés sur leur propre parcours.
Combien de temps encore avant que politiques et journalistes affidés acceptent le constat d'une coupure politique, d'une crise de régime imposant un changement radical des règles du jeu, une représentation responsable et révocable devant la souveraineté populaire?
A ce stade, les élections sont le problème et ne sont plus la solution.
A faire comme si la vie démocratique n'était pas en danger, politiques et médias portent une lourde responsabilité. Le jeu des chaises musicales qu'on se renvoie des uns aux autres poussera à bout de plus en plus des citoyens déboussolés. Il faudra une soupape. Autant que ce soit celle d'une démocratie revivifiée, avec présence de la proportionnelle, limitation des mandats, redéfinition de l'ensemble du cadre démocratique.
Et tout cela à travers un processus constituant...
René BURLE, le 31 mars 2015
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