FUTUR
Nous
allons vers des élections départementales au mois de mars.
Elles
permettront d'élire les conseillers "nouvelle génération"
qui siégeront dans les départements refondus dans la réforme
territoriale. Se présentant en binôme, un homme, une femme, ils
auront pour enceinte une assemblée aux compétences et aux contours
encore mal définis à l'heure où ces lignes sont écrites. C'est
bien là le paradoxe.
Quel
va être le projet? Quel programme afficher
quand on ne sait pas exactement les outils dont on dispose? On
touche là au point ultime de la faillite démocratique.Quelques
partis politiques, de plus en plus isolés des électeurs, préparent
dans leurs états-majors une stratégie qui ne résonne plus pour
personne. Quelques individus, le regard tourné vers le poste à
pouvoir, mettent toute leur énergie à être désignés et,
convaincus d'être la représentation démocratique, s'apprêtent à
en découdre dans une joute qui n'intéresse plus grand nombre. Les
scores récents d'une élection partielle, confirmant une tendance
forte depuis de nombreuses années à la désertion des urnes, nous
encourage à la réflexion.
Comment
peut-on continuer ainsi?
Un
corpus politique inaudible, une absence de valeurs et de repères qui
en déboussole plus d'un, une abstention record, une image dévastée
de la fonction élective, aucune remise en question, la
culpabilisation des électeurs toujours jugés comme fautifs, et la
liste pourrait être longue... Le profond sentiment qu'il n'y a plus
d'espérance, plus d'enthousiasme à partager habite le plus grand
nombre. Englués
dans un quotidien de plus en plus difficile, les gens ne font plus
beaucoup d'effort pour aller voter, convaincus qu'ils n'ont plus de
prise sur les événements, quel que soit leur penchant.
L'acceptation d'une société du profit et ses logiques
ultra-libérales a emporté dans sa bourrasque dévastatrice les
principaux partis.
Quelques-uns
résistent et connaissent des fortunes diverses. Seul le FN attire un
électorat de plus en plus désabusé et curieux de donner ses voix à
un parti diabolisé et qui, du coup, est à défendre. Mais tous ceux
qui veulent faire entendre une voix différente n'ont que très peu
d'écho, comme c'est le cas au PG. Des initiatives existent, plutôt
intéressantes, comme celle de "Nouvelle donne", mais pour
des résultats insignifiants en nombre d'électeurs. Et
si justement, l'erreur était là: vouloir à tout prix continuer
d'essayer de prendre sa place dans un système électoral tronqué et
manipulé.
Ne vaudrait-il pas mieux utiliser sa force et ses réseaux à la remise en cause d'un système à bout de souffle, où le mot
démocratique n'est plus qu'un habillage. Ne
serait-il pas plus porteur de constituer des mouvements citoyens
interpellant, posant les vraies questions, se rajoutant aux
associations qui sont déjà actives concernant les projets
discutables ou les territoires à défendre?
Avec, comme marqueur politique, la dénonciation de la mascarade dans laquelle nous sommes tombés et l'appel à une refonte citoyenne de la République, marquée par une Constituante redéfinissant la totalité des règles du jeu démocratique: mandats, démocratie partagée, statut de l'élu...
Des
futures régions élaborées sans l'avis des populations aux appels à
la croissance, donc à toujours plus de consommation, notre champ
politique est dans l'impasse.
Chacun
peut juger de l'importance de ses actes. En ce moment, un front du
refus s'avère nécessaire pour peser sur un futur de plus en plus
inquiétant. C'est là que doit se situer notre curseur en apportant
à chacun les clés de lecture nécessaires pour comprendre ce
théâtre d'ombres qui impacte notre vie quotidienne.
René
Burle, président d'AVEC15, mouvement citoyen
12
décembre 2014
avec15@laposte.net
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