Marécage
politique...du jamais vu sous la Vème République
La
situation actuelle, du point de vue politique, est un tournant.
Jamais,
depuis que la Vè Rébublique a été instituée, on a été dans un
tel marécage.
Les
logiques ultra-libérales conduisent les Etats à des mesures de plus
en plus impopulaires alors que des fortunes s'amassent à travers les
fonds spéculatifs et le jeu boursier.
Les
actionnaires s'emplissent les poches alors que la pauvreté gagne du
terrain tous les jours et que les couches moyennes sont de plus en
plus étranglées.
Et
ce qui caractérise le plus la période actuelle, c'est la prise de
conscience, plus ou moins diffuse que nos gouvernants quels qu'ils
soient, ne changeront rien à la chose.
La
crise n'est plus un événement, c'est l'état actuel de notre
société.
Les
chiffres brandis par l'Allemagne sont la référence des
"spécialistes" et l'Europe suit ses directives.
Nos
dirigeants français, du PS à l'UMP souscrivent à ces logiques-là.
Les
mensonges des campagnes électorales éclaboussent leur mandat.
Certains
hommes politiques se fourvoient dans des affaires qui font
sauter les derniers verrous de la confiance.
Le
ver est dans le fruit: les représentations politiques
traditionnelles ont déçu et ne captent plus l'intérêt.
Personne
ne vibre, à part pour les idées défendues par le Front National
chez nous, et par d'autres sensibilités proches en Europe.
S'y
rajoute des médias "aux ordres" dont le rôle éducatif
est oublié depuis longtemps.
S'ensuit
un manque de perspectives, un manque d'enthousiasme, le sentiment que
tout cela nous dépasse et qu'on y pourra rien changer.
Le
sentiment individualiste domine. Le "chacun pour soi" est à
la mode.
La
réponse collective considérée comme impossible.
Le
système nous a tous "coincé" dans nos logiques
personnelles.
Bien
sûr, des initiatives ont lieu, des gens plein de ressources et
d'idées tentent des choses...
Mais
le ciment commun de la transformation politique se cherche encore...
Des
partis à la marge s'opposent plus nettement au système, mais
n'attirent pas beaucoup de voix...
Je
ne parle pas de la scène internationale où la misère humaine et
écologique domine: à Gaza, le dérèglement climatique, la fièvre
Ebola, les postures américaines et celles de leurs affidés dont
nous faisons partie, les ripostes odieuses des extrémistes utilisant
la toile pour choquer, etc...
Comme
le dit Serge Halimi, peut-être faut-il savoir se poser et prendre
les problèmes les uns après les autres, car dans chacun de ces
drames immenses, il y a des responsabilités, des analyses
historiques qui méritent qu'on s'y attarde, des pistes de solutions
et que, dans ce cas, il vaut mieux avoir de saines lectures que
d'écouter les chaînes d'information en continue, véritables
machines à ramollir les cerveaux...
Alors
que faire?
Il
y a le terrain local où la citoyenneté doit reprendre la main,
interpeller les "politiques", se ré-approprier le débat,
pousser à une nouvelle Constituante pour redéfinir les règles du
jeu.
Libérer
la parole, donner du temps à l'action, ne pas se faire plaisir dans
des éclats, mais travailler dans la durée.
C'est
dur et compliqué quand on sait que, malgré l'analyse critique du
système électoral, nos vies sont rythmées par les élections.
Quand
on voit la quantité et la richesse des acteurs présents à la foire
"bio" d'Aurillac, on se dit qu'il y a un enjeu à essayer
de transformer toutes ces énergies en véritable coefficient
politique, et que l'urgence c'est celle-là plutôt que de garder
chacun sa petite identité.
Mais
le chemin est long et chaque humain qui compose ces forces est une
complexité chargé d'histoires et de vécus.
Nous
sombrons aussi parce que nous n'avons plus beaucoup d'intellectuels
capables de nous transcender.
Il
nous reste Edgar Morin, Noam Chomsky et quelques autres...
Mais
il nous manque des Bourdieu, des Camus... la liste est longue...
Chez
les hommes politiques, le vide est abyssal.
La
référence à Jaurès illustre bien à quel point nous sommes
orphelins.
Il
faut se tourner vers l'Amérique Latine pour y trouver des acteurs
politiques courageux.
Les
années 60-70 ont généré Guevara, Lumumba, Cabral, Ho Chi Minh...
aujourd’hui nous en sommes loin...
Pour
reparler de la France, l'emploi s'éteint, le chômage s'intensifie,
on nous rabat les oreilles d'une perspective de croissance qui
n'arrive pas et qui pose un grand problème dans un monde où les
ressources s'épuisent...
Et
que va t-on faire aux prochaines élections dans un pays où la
classe politique s'est discréditée?
Prolonger
notre confiance, en qui nous concerne, au PS? Bien sûr que non, mais
le problème ne se posera pas. Il sera laminé.
Les
autres français redonneront leur confiance à un Juppé ou un
Sarkozy, qui décevront au profit 5 ans plus tard d'un Valls ou d'un
Montebourg?
Et
la roue tournera toujours dans le même sens, les logiques du profit
continuant de broyer les plus pauvres...
Non,
la seule espérance, c'est la redéfinition totale par une
Constituante populaire, des règles du jeu, avec un mandat à 5
ans qu'il faut supprimer, un contrôle démocratique qu'il faut
exercer à tous les étages de la vie publique, un renversement
complet de nos alliances, sortir de l'OTAN comme le propose Régis
Debray, s'employer à une transition économique (ndlr :
écologique aussi !?) et sociale, redéfinir un paradigme où
les rapports humains ne sont pas tournés uniquement vers l'argent,
s'inspirer d'autres modèles (l'Islande par exemple, les répartitions
de richesse au Venezuela...) et réfléchir aux territoires autrement
en ne priorisant plus les métropoles...
De
ce point de vue, il nous faut un électro-choc. Pour nous ressaisir,
nous obliger à nous rencontrer et à construire ensemble d'autres
modèles pour échapper au naufrage..
Le
temps n'est peut-être pas si loin, quand on voit la poussée du
FN...
René
Burle, président d'AVEC15 (14/09/2014)
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